Prix du master de la société du RADAC attribué à Agathe Faucourt
Le 5e prix du master de la société du RADAC (Recherches sur les Arts Dramatiques Anglophones Contemporains), qui récompense le meilleur mémoire de M1 ou M2 consacré au théâtre anglophone contemporain, a été attribué le 13 février 2024 à Agathe Faucourt, ancienne élève normalienne de l’École Normale Supérieure de Lyon, pour son mémoire de M2 intitulé « Le Théâtre du Ricochet : le trumpisme à l’épreuve du féminisme sur la scène américaine chez Halley Feiffer, Aleshea Harris, Emily Mann et Heidi Schreck » (en anglais: « Ricochet Theater: The Feminist Response to Trumpism on the American Stage. Halley Feiffer, Aleshea Harris, Emily Mann and Heidi Schreck »). Dirigé par Julie Vatain-Corfdir (Sorbonne Université), ce mémoire a été soutenu le 19 juin 2023.
Résumé du mémoire
« This is the magic of both a movement and a play. Like a pebble tossed into a pond, the ripples keep changing lives. » Dans son avant-propos à la pièce que lui consacre Emily Mann en 2018 intitulée Gloria: A Life, l’icône de la deuxième vague du mouvement féministe américain, Gloria Steinem, attire notre attention sur la nature double de cette œuvre et pose la question de la liminalité entre la création artistique et le mouvement politique. Si la militante restreint ici son commentaire à l’œuvre biographique de Mann, il est possible de l’étendre à une partie de la production théâtrale qui émerge alors sur la scène new-yorkaise. Et pour cause : en parallèle de l’élection de Donald Trump, le paysage théâtral américain connaît une re-politisation sans précédent et en particulier chez les femmes de théâtre. Une grande majorité d’entre elles assimilent en effet la montée du trumpisme à l’avènement d’un ensemble de valeurs rétrogrades et sexistes qui mettent non seulement en péril les droits des femmes à travers le pays, mais qui menacent également l’existence même de leur art au sein de la sphère publique. Bon nombre de productions féminines auraient ainsi eu pour objectif de faire résonner un discours protestataire, donnant ainsi un nouvel élan à la création féministe.
En s’appuyant à la fois sur les textes et les mises en scène de quatre pièces écrites par des femmes sous l’ère Trump –The Pain of My Belligerence de Halley Feiffer, Is God Is d’Aleshea Harris, Gloria: A Life d’Emily Mann et What the Constitution Means to Me de Heidi Schreck – ce mémoire propose d’analyser la forme et la portée de ce contre-discours. Ces quatre pièces annoncent-elles l’émergence d’une nouvelle esthétique féministe et subversive et, si oui, comment penser cette nouvelle esthétique ? En quoi ce corpus se distingue-t-il d’une tradition féministe et brechtienne déjà très ancrée sur la scène américaine ? Le théâtre du ricochet peut-il vraiment « changer des vies » alors qu’il s’adresse à un public déjà converti aux idéaux progressistes ? En résumé, le théâtre du ricochet tient-il ses promesses ?
En savoir plus sur Agathe Faucourt
Élève normalienne à l’ENS de Lyon de 2018 à 2023, Agathe Faucourt a consacré son mémoire de M1 à la représentation de la ville américaine dans le théâtre d’Eugene O’Neill, Lorraine Hansberry, August Wilson et John Guare. Elle réalise ce premier travail de recherche lors d’un séjour à Northwestern University où elle occupe le poste de « visiting scholar ». Après avoir obtenu l’agrégation en 2021, elle effectue un lectorat d’un an au sein du département de français de King’s College London puis se consacre au potentiel renouvellement du théâtre féministe à l’ère Trump dans le cadre de son mémoire de M2. En septembre 2023, elle rejoint le laboratoire VALE (Sorbonne Université) en tant que doctorante et élargit l’analyse à un ensemble de pièces créées et/ou mises en scène sous la présidence Trump dans le cadre de sa thèse dirigée par Élisabeth Angel-Perez et Julie Vatain-Corfdir. Elle tente ainsi de repenser le lien qui unit le théâtre au politique.