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Prix de Master de la Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe siècles attribué à Alice de Nanteuil

Alice de Nanteuil, élève de l'ENS de Lyon (2017-2023), a reçu le prix de la Société d'Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe siècles pour son mémoire de M2.

Le prix du mémoire de la Société d'Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe siècles, qui récompense les meilleurs mémoires de M2 soutenus en 2022-2023, a été attribué le 18 mars 2025 à Alice de Nanteuil pour son mémoire de M2, intitulé « Women and Poetry in Early Modern Scotland». Ce mémoire a été réalisé sous la direction de Claire Gheeraert-Graffeuille (Université de Rouen-Normandie) et soutenu à l’université de Rouen-Normandie, le 13 juillet 2022. Le prix sera remis le 13 juin 2025, pendant le colloque annuel de la SEAA 17-18. 

 

Résumé du mémoire

Alors que le dix-septième siècle touche à sa fin, Màiri Nighean Alasdair Ruaidh (Mary McLeod en anglais) s’exclame : « A tale of ruin is now what I hear / each wound coming on me / more frequently and more intensely ». Si la poétesse des Highlands écossais pleure ici la mort d’un membre de son clan, son cri dénonce également le piètre état dans lequel se trouvent alors les clans gaéliques, leur culture et leurs traditions. C’est au cours de la période de la première modernité que la présence anglaise en Écosse transforme profondément le pays aux niveaux politique, religieux, social et culturel. Les Lowlands, région du sud de l’Écosse depuis longtemps influencée par son voisin anglais, s’accommodent plus aisément de ce processus d’anglicisation. Au nord, dans les terres lointaines et dites « non-civilisées » des Highlands, ce processus aura cependant raison de l’intégrité et de la cohésion des clans. 

Ce mémoire procède à l’étude des productions poétiques féminines qui affleurent au sein de ce lourd contexte écossais. Le corpus qu’il rassemble est double. D’un côté, les femmes des Lowlands s’expriment en anglo-scots et écrivent de la poésie de cour, imprimée alors ou depuis. De l’autre, les femmes des Highlands composent des chants en gaélique sans jamais les écrire, au cœur d’une culture qui s’épuise – pourtant, c’est aussi l’écroulement du rigide système bardique qui a mené à la préservation de genres plus populaires, comme ceux pratiqués par ces poétesses. Les disparités entre ces deux groupes s’illustrent aussi au niveau générique, puisque les femmes des Lowlands écrivent surtout des éloges, quand celles des Highlands produisent des élégies. La barrière de la langue et l’instabilité de la culture orale ont contribué à faire taire ces femmes gaéliques. Quant aux femmes des Lowlands, elles ont souvent été, dans le meilleur des cas, assimilées aux Anglaises. Ce mémoire souligne que leur division a longtemps servi à prouver un mutisme présumé des femmes en Écosse à cette époque. 

Ces recherches ont nécessité un important travail d’identification des sources et d’anthologisation, tout en mêlant histoire littéraire et analyse textuelle. Pour cela, il a fallu explorer des textes en anglais, en scots et en gaélique écossais ; étudier des autrices à l’identité assumée, cachée ou trompeuse ; exploiter des manuscrits, des livres imprimés et des recueils du XIXème siècle collectionnant la poésie orale ayant survécu dans la mémoire du peuple gaélique. En réunissant une grande variété de textes qui s’appellent et se répondent, ce mémoire tente de montrer que la contribution culturelle et littéraire des femmes écossaises, loin d’être anecdotique et parcellaire, est au contraire pétrie de traditions et d’innovations poétiques, offrant de nouvelles perspectives sur un moment charnière de l’histoire du pays.

 

Notice biographique

Alice de Nanteuil, normalienne-élève de 2017 à 2023, a d’abord mené ses recherches de M1 sur les écrits de femmes en Irlande pendant la période de la première modernité. Ce travail a été réalisé pendant qu’elle occupait un poste de lectrice à Trinity College Dublin. Après avoir obtenu l’agrégation d’anglais en 2020, elle a effectué un second lectorat à l’université d’Oxford (Brasenose, Lincoln, Christ Church). Dans son mémoire de M2, elle a analysé les expressions poétiques des femmes en Écosse au cours du long dix-septième siècle. Depuis 2023, Alice est doctorante à l’université de Rouen-Normandie, au sein du laboratoire ERIAC. Sa thèse est dirigée par Claire Gheeraert-Graffeuille, qui l’accompagne dans ses travaux depuis le M1. Ses recherches proposent une approche transversale des traditions poétiques des femmes en Irlande et en Écosse, à l’époque de la première modernité (XVIe – XVIIe siècles). A travers l’étude de ces textes, cette thèse tente de repenser l’histoire littéraire de ces deux nations liées par leur passé gaélique, au moment où l’intervention anglaise les divise.