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Prix du mémoire 2019 : Meriel Cordier

Récompense décernée par la Société Française Shakespeare

Prix

Meriel Cordier, élève normalienne (2013-2018), a reçu le 12 janvier 2019 le prix du mémoire 2019 décerné par la Société Française Shakespeare lors du congrès annuel de la SFS à Paris, pour son mémoire de M2 intitulé « 'A man sure is a kind of beast': étude écoféministe de la pastorale anglaise au tournant du XVIIe siècle » (rédigé sous la direction de Sophie Lemercier-Goddard, MCF, ENS de Lyon). 

 

Biographie

Meriel CordierMeriel Cordier est doctorante de première année à l’Université Clermont-Auvergne et membre de l’IHRIM Clermont-Ferrand. Élève normalienne de 2013 à 2018 à l’ENS de Lyon, elle a obtenu l’agrégation d’anglais en 2016. Ses recherches de Master, menées sous la direction de Mme Sophie Lemercier-Goddard, Maître de Conférences à l’ENS de Lyon, portent sur la littérature anglaise de la première modernité, et témoignent d’un intérêt particulier pour les enjeux du féminisme, de l’écologie et de l’éthique animale. Sa thèse, préparée sous la direction de Madame Sophie Chiari, Professeur à l’Université Clermont-Auvergne, s’intitule « Nature et contre-nature : étude écoféministe et queer de la pastorale dans l’Angleterre de la première modernité (1579-1635) ».

Résumé du M2

Son mémoire de Master 2, intitulé « ‘A man sure is a kind of beast’: Étude écoféministe de la pastorale anglaise au tournant du XVIIe siècle » est une analyse de trois pièces pastorales, The Winter’s Tale de William Shakespeare, The Faithful Shepherdess de John Fletcher, et l’œuvre inachevée The Sad Shepherd de Ben Jonson.

Si les études féministes des œuvres de la première modernité abondent depuis plusieurs décennies, l’écoféminisme reste encore aux marges de la critique littéraire : l’un des objectifs de ce mémoire a donc été d’explorer les formes que peut prendre une analyse écoféministe de textes anciens. L’étude de la construction des personnages, des thèmes et motifs de l’intrigue, de la forme des dialogues et des particularités du langage métaphorique utilisé dans ces pièces a permis de proposer un aperçu des potentialités de la perspective écoféministe. À partir de trois œuvres pastorales écrites au début du XVIIe siècle, il a été possible d'entrevoir comment les concepts de « femme », de « nature » et d’ « animal » répondent aux mêmes fonctions symboliques dans la littérature et les productions culturelles de cette époque : l’oppression subie par ces groupes est donc à examiner de manière conjointe. Les valeurs supposées « universelles » de la pastorale, qui expliquent son succès pour presque tous les spécialistes de la forme, se révèlent être des valeurs masculines, ancrées dans un contexte particulier : celui de la société occidentale moderne, capitaliste, androcentrique et anthropocentrique.

En s'intéressant à la portée écologique de pièces qui semblent attester d’un rapport ambigu à la « nature » et aux espaces naturels, cette étude vise à réaffirmer la dimension actuelle d’une critique littéraire écoféministe et écocritique, sans pour autant nier les difficultés que cela soulève, et notamment les spécificités liées au choix d’adopter un point de vue présentiste. Quelle portée peut et doit avoir l’étude écoféministe d’un corpus de la Renaissance ? Quel regard devons-nous porter sur des textes qui paraissent examiner les relations que l’homme entretient avec la nature, au regard du contexte climatique et environnemental contemporain ?

Extrait choisi :

"Parce qu’elle permet à la fois une satire politique et morale des usages de la cour ainsi que la mise en scène de représentations ambivalentes de la nature, la pastorale nous paraît intéressante pour penser la crise environnementale qui se produit à la Renaissance et se prolonge jusqu’à l’époque présente. Il semblerait que les auteurs de la pastorale aient été attentifs aux changements climatiques et atmosphériques de l’Angleterre de la première modernité, et aient éprouvé le besoin de commenter la dégradation de leur environnement naturel. En un sens, les textes qui relèvent de la forme pastorale sont « écologiques » et peut-être même « écologistes » avant l’heure, en ce qu’ils envisagent les rôles parfois contradictoires attribués à la nature, et s’interrogent sur la place qu’y tient (ou que devrait y tenir) l’homme. Dans cette étude, nous nous intéressons à la façon dont les bouleversements écologiques ont été perçus par le public et aux répercussions que ces bouleversements ont pu avoir sur la littérature de l’époque : dans quelle mesure peut-on dire que les anxiétés écologiques de la société anglaise sont transposées, interprétées et commentées dans le théâtre pastoral ? Quel rapport la pastorale entretient-elle avec l’environnement naturel ? Nous souhaitons mettre en avant les rôles variés qui ont pu être attribués à cette forme littéraire : si la pastorale anglaise relève surtout de l’élégie (quand elle présente un âge d’or passé) ou de l’idylle (quand elle propose un présent alternatif), nous remarquons aussi la vocation utopique de certaines de ces œuvres.

Étudier la pastorale sous un angle écocritique et écoféministe reflète les préoccupations générales en ce début de XXIe siècle, où les questions environnementales, la pollution, le développement alternatif se sont imposés dans le débat public : s’intéresser à la nature et aux dégradations de l’environnement par le biais de textes de la Renaissance fait intervenir, d’une manière ou d’une autre, la hiérarchie des valeurs propres à notre société contemporaine. Se pose donc la question de l’utilisation et de la fonction du texte littéraire : faut-il étudier la pastorale comme un document historique à même de nous éclairer sur le rapport que les femmes et les hommes de la première modernité entretenaient avec la nature, comme le proposent les néo-historicistes des années 1980 et 1990 ? Ou doit-on considérer que ces textes peuvent nous informer sur notre propre relation à l’environnement, et notre propre caractérisation du naturel, en suivant l’analyse présentiste qui s’est développée ces dernières années ? Les textes littéraires peuvent peut-être contenir l’ébauche d’une réflexion pour nous aider à mieux comprendre les crises politiques, sociales et environnementales actuelles."

Extrait de : Cordier, Meriel : « ‘A man sure is a kind of beast’: Étude écoféministe de la pastorale anglaise au tournant du XVIIe siècle ». Mémoire de recherche rédigé sous la direction de Sophie Lemercier-Goddard, MCF, ENS de Lyon.